La Bible : Un Livre Juif Avant d’être Chrétien
Lorsqu’on entend le mot Bible, beaucoup l’associent immédiatement au christianisme. Pourtant, ce lien, aussi fort soit-il dans l’imaginaire collectif, occulte une réalité historique et spirituelle essentielle : la Bible est avant tout un livre issu du judaïsme. En réalité, la Bible chrétienne elle-même tire son fondement de textes sacrés juifs, bien antérieurs à l’apparition du christianisme.
Un héritage ancien : la "Tanakh", la Bible hébraïque
Ce que les chrétiens appellent l'Ancien Testament est en réalité la Bible hébraïque, que les Juifs nomment la Tanakh. Elle se compose de trois grandes parties :
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La Torah (la Loi) – les cinq livres de Moïse (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome)
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Les Nevi’im (les Prophètes)
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Les Ketouvim (les Écrits : Psaumes, Proverbes, etc.)
Ces textes, rédigés entre environ le Xe siècle av. J.-C. et le IIe siècle av. J.-C., forment le socle de la foi juive. Ils racontent l’histoire du peuple d’Israël, ses lois, ses alliances avec Dieu, ses exils et son espoir messianique.
Ces écrits sont entièrement antérieurs à la naissance de Jésus et ont été préservés, transmis et interprétés par la tradition juive bien avant l’apparition du christianisme
Le christianisme : une lecture nouvelle d’un texte ancien
Le christianisme naît au Ier siècle de notre ère, dans le contexte du judaïsme du Second Temple. Jésus, ses disciples, Paul de Tarse et les premiers croyants étaient juifs, et les premiers écrits chrétiens (les Évangiles, les Actes, les lettres apostoliques) n’existaient pas encore.
Les premiers chrétiens ont reconnu dans les Écritures juives les signes prophétiques de la venue du Messie — selon eux, Jésus de Nazareth. C’est ainsi que l’Ancien Testament devient pour les chrétiens une partie de leur propre Bible, mais recontextualisé à travers le prisme de la foi chrétienne.
Autrement dit : les chrétiens n’ont pas écrit l’Ancien Testament. Ils l’ont reçu d’un peuple dont ils sont issus — les Juifs.
Une racine juive indéniable
Il est donc historiquement faux de dire que la Bible est un livre chrétien dans son origine. Voici quelques faits à retenir :
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La Torah a été donnée au peuple juif, selon la tradition, au mont Sinaï. Elle forme le cœur de la loi juive.
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Les prophètes (Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel...) ont parlé dans un contexte purement juif.
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Jésus lui-même cite la loi et les prophètes (la Tanakh) et les respecte.
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Les fêtes, les rituels, le Temple, l’alliance : tout cela appartient à la culture juive et est mentionné dans la Bible hébraïque.
Deux traditions, un même texte... mais des lectures différentes
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Le judaïsme continue de lire la Bible selon une tradition exégétique propre (le Talmud, le Midrash).
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Le christianisme l’interprète comme une préfiguration du Christ, ajoutant le Nouveau Testament comme accomplissement de l’Ancien.
Ainsi, le même texte hébraïque sert de fondement aux deux religions, mais avec des interprétations théologiques radicalement différentes.
Conclusion : Un livre juif, adopté par les chrétiens
En résumé, dire que la Bible est un livre du christianisme n’est pas historiquement exact. C’est un livre juif, devenu fondamental pour le christianisme. La Tanakh précède le christianisme, et sans elle, il n’y aurait pas de « Bible chrétienne » telle que nous la connaissons.
Comprendre cette réalité permet non seulement de rendre justice à l’histoire, mais aussi de mieux apprécier la profondeur des liens entre judaïsme et christianisme — deux religions issues d’une même racine, mais ayant évolué de manière différente.
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