Haïti – L’ambassadeur américain dénonce le poids financier du soutien à la PNH… mais ferme les yeux sur le rôle des États-Unis dans l’insécurité
Haïti – L’ambassadeur américain dénonce le poids financier du soutien à la PNH… mais ferme les yeux sur le rôle des États-Unis dans l’insécurité
Port-au-Prince, 6 mai 2025 – Lors d’une sortie publique remarquée, l’ambassadeur américain en Haïti, Dennis B. Hankins, a déclaré que les États-Unis ne peuvent plus continuer à supporter seuls le poids financier du soutien à la Police nationale d’Haïti (PNH) et à la mission de sécurité internationale.
Une déclaration qui, pour de nombreux observateurs, soulève une contradiction flagrante : comment un pays comme les États-Unis – dont le territoire sert de principal point d’origine au trafic d’armes à feu qui alimente les gangs en Haïti – peut-il se plaindre du coût de la réponse sécuritaire à une situation qu’il contribue largement à créer ?
Le double jeu de Washington
Depuis plusieurs années, les armes de guerre utilisées par les gangs en Haïti arrivent en majorité des ports américains, souvent via des routes commerciales ou humanitaires détournées. Ces flux illicites d’armes, largement facilités par un contrôle laxiste sur l’exportation d’équipements militaires, ont renforcé la capacité de nuisance des groupes criminels, plongeant le pays dans un cycle de violence incontrôlable.
Pendant ce temps, les États-Unis se présentent comme le principal soutien de la PNH, tout en estimant désormais que cette aide financière devient "trop lourde" à assumer seuls.
Une hypocrisie dénoncée
Ce discours a provoqué l’indignation de plusieurs acteurs de la société haïtienne. Pour eux, il est profondément injuste que le même pays qui, par son inaction contre le trafic d’armes, alimente la crise, vienne aujourd’hui reprocher à Haïti les coûts engendrés pour tenter d’y faire face.
Cette position alimente un sentiment croissant de méfiance envers la politique américaine, perçue comme ambivalente, voire cynique. D’un côté, Washington affirme vouloir soutenir la stabilité en Haïti ; de l’autre, il refuse de traiter sérieusement les causes profondes de cette déstabilisation, notamment sur son propre sol.
Haïti entre dépendance et souveraineté
Cette sortie de l’ambassadeur Hankins remet en lumière la position fragile d’Haïti, dépendante de l’aide internationale pour assurer sa sécurité, tout en subissant les conséquences de décisions étrangères qu’elle ne contrôle pas.
À l’heure où la transition politique tente de se reconstruire, cette tension soulève une question fondamentale : la communauté internationale veut-elle vraiment aider Haïti à se relever, ou souhaite-t-elle simplement contenir les effets de sa propre négligence ?
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