Haïti – Économie : La BID et la CODEVI renforcent le secteur textile au risque d’un modèle de dépendance
Haïti – Économie : La BID et la CODEVI renforcent le secteur textile au risque d’un modèle de dépendance
Le 8 mai 2025, une rencontre de haut niveau a eu lieu à Ouanaminthe entre le président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), Ilan Goldfajn, et Fernando Capellan, président-directeur général de la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI). Cette réunion s’est déroulée dans le cadre d’une mission visant à explorer les perspectives du secteur textile en Haïti, particulièrement dans la région du Nord-Est.
Au centre des discussions : la création d’emplois, l’augmentation des investissements étrangers et la relance industrielle par la sous-traitance textile. Le président de la BID a réaffirmé l’engagement de son institution à soutenir des initiatives économiques dans les zones vulnérables, en mettant l’accent sur la stabilité et la croissance inclusive.
De son côté, le PDG de la CODEVI a mis en avant le rôle stratégique de son entreprise, qui emploie plusieurs milliers d’Haïtiens dans l’industrie de l’habillement. Il a appelé à une meilleure coordination entre les secteurs public et privé pour attirer davantage d’investissements et solidifier la chaîne d’approvisionnement textile.
Le ministre de l’Économie et des Finances, également présent à cette rencontre, a salué les efforts conjoints tout en soulignant la nécessité de rétablir un environnement d’affaires compétitif pour relancer la production à l’échelle nationale.
Cependant, derrière ce discours institutionnel se profilent des critiques de fond sur le modèle économique qui se consolide à travers ces initiatives. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce que certains qualifient de « système maître-esclave moderne ». Le secteur textile haïtien repose en grande partie sur la sous-traitance : assemblage de vêtements pour de grandes marques internationales, dans des conditions de travail précaires, avec une faible rémunération et une absence de perspectives de montée en compétence.
Ce modèle ne permet ni autonomie industrielle ni transfert de savoir-faire local. Il entretient une dépendance structurelle d’Haïti envers les marchés étrangers, sans réel bénéfice durable pour l’économie nationale. Le renforcement de ce système, bien que générateur d’emplois à court terme, pose la question de la souveraineté économique et de la capacité du pays à bâtir une industrie locale indépendante.
La visite de la BID à la CODEVI peut donc être perçue comme une double lecture : un signe de soutien international à l’économie haïtienne, mais aussi un rappel brutal de l’emprise croissante des logiques de sous-traitance qui enferment le pays dans un rôle périphérique.
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