Haïti – Soutien de la France au CPT : l’étrange alignement des journaux guadeloupéens et l’indignation haïtienne

Haïti – Soutien de la France au CPT : l’étrange alignement des journaux guadeloupéens et l’indignation haïtienne



Le récent soutien officiel de la France au Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en Haïti continue de faire couler beaucoup d’encre. Mais ce qui choque davantage aujourd’hui, c’est le positionnement de plusieurs médias guadeloupéens, qui ont choisi de soutenir l’initiative française, au lieu de questionner ses fondements ou d’exprimer une solidarité avec le peuple haïtien.

Quand la presse guadeloupéenne parle comme Paris

Dans plusieurs tribunes et reportages récents, certains journaux de Guadeloupe ont relayé le soutien de la France au CPT en adoptant une ligne éditoriale pro-française, insistant sur la nécessité d’un “retour à la stabilité” et saluant “l’engagement de la France pour une transition pacifique”.

Une position qui surprend, voire qui indigne. Aucun mot sur l'absence de consultation populaire, aucun rappel du passé historique entre Haïti et la France, ni sur les réelles aspirations du peuple haïtien. Ce silence sur la souffrance haïtienne a été perçu comme une trahison par de nombreux observateurs et militants antillais et haïtiens.

Haïti indignée : “Une continuité coloniale”

Du côté haïtien, la réaction est claire : colère, incompréhension, et rejet. Pour beaucoup, la France s’ingère une fois de plus dans les affaires internes du pays, en soutenant une transition imposée et non représentative.

“Ce n’est pas une aide, c’est une domination travestie”, affirme une militante haïtienne. Plusieurs organisations sociales et intellectuels dénoncent aussi le manque de solidarité caribéenne, rappelant que la Guadeloupe est historiquement liée à Haïti par des luttes communes et un passé de résistance.

 Une dette historique qui ne s'efface pas

Ce soutien de la France – relayé avec zèle par certains médias d’outre-mer – vient raviver une blessure historique profonde : celle de la dette de l’indépendance.

En 1825, Haïti, première république noire libre du monde, a été contrainte de verser une indemnité massive à la France pour “compenser” les pertes des colons français. Pire encore : c’est à la France qu’Haïti a dû emprunter l’argent pour payer cette dette. Une absurdité historique qui a hypothéqué l’avenir économique du pays pendant plus d’un siècle.


 L’heure des responsabilités

Aujourd’hui, face à l’un des plus grands défis de l’histoire haïtienne contemporaine, beaucoup appellent à une prise de conscience régionale, et à une rupture avec les vieux réflexes de domination et de soumission.

La Guadeloupe et les autres territoires caribéens, au lieu de se faire l’écho des décisions de Paris, devraient soutenir les peuples qui, comme Haïti, luttent pour leur dignité et leur souveraineté. 

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